Allier les vertus des médecines conventionnelles et complémentaires pour le bien du patient : voilà le programme de la médecine dite intégrative, une nouvelle approche de la santé venue des États-Unis qui ne cesse de gagner des adeptes en Europe. Pourquoi s’y intéresser? On fait le point avec le Pr Pierre-Yves Rodondi, directeur de l’Institut de médecine de famille à l’Université de Fribourg, qui vient d’achever la traduction du Guide de médecine intégrative de la Clinique Mayo considéré comme la référence du domaine.
Pendant longtemps, la médecine conventionnelle – celle, pour faire court, que l’on pratique essentiellement dans les hôpitaux – s’est opposée aux médecines dites complémentaires, comme la médecine ayurvédique ou chinoise. «La médecine intégrative, elle, vise à prendre en considération l’ensemble des techniques à disposition, quelles que soient leurs origines, et de choisir parmi ces différentes approches celles qui conviennent le mieux pour traiter le patient», explique Pierre-Yves Rodondi. Une vision qui correspond au souhait de la majorité des personnes souffrantes, selon le professeur de médecine fribourgeois. «Il est rare de trouver des gens qui veulent se traiter uniquement par des médecines complémentaires. De façon naturelle, ce que les gens veulent, c’est le meilleur traitement avec le moins d’effets secondaires. En alliant médecine conventionnelle et complémentaire, c’est finalement ce que propose la médecine intégrative.»
La médecine conventionnelle a fait d’énormes progrès au cours des dernières décennies. De plus en plus, elle permet de repousser les limites de l’âge et de la maladie. Mais, paradoxalement, en s’occupant de problématiques hautement spécialisées, elle perd parfois de vue la personne dans sa globalité et sa capacité d’autogestion de la maladie. «Les médecines complémentaires sont un moyen de redonner vie à ce que les Anglo-Saxons appellent le « self-care », explique Pierre-Yves Rodondi. Ces pratiques souvent ancestrales permettent de réapprendre à s’écouter soi-même, à se connaître et à mettre en place des pratiques et des techniques qui font du sens et du bien.»
Ce que la médecine conventionnelle soigne de mieux en mieux, ce sont les maladies aiguës, l’accident vasculaire cérébral (AVC) ou l’infarctus par exemple. Elle offre par contre peu de réponses aux maladies chroniques non transmissibles comme les lombalgies, la fatigue ou encore l’obésité. «Dans ces pathologies qui demandent un suivi sur le long terme, les médecines complémentaires permettent d’offrir une autre manière de faire qui peut aider la personne souffrante à surmonter les symptômes et la charge émotionnelle que cela implique», note Pierre-Yves Rodondi.
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